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Zoom sur... Bruno Béghin, compositeur d'images

Dernière mise à jour : 14 mai 2023

Bruno Béghin est compositeur d’images. Il est est né en 1958 dans le Pas-de-Calais.

Cet article reprend la biographie écrite par Pierre-Jean Brassac (auteur, traducteur et journaliste) et des textes écrits par Béatrix Mirallès.




Son parcours


Bruno Béghin a fait l’école buissonnière en Champagne Pouilleuse et en mai 68, il débarque à Carcassonne, après un trajet bien chaotique.

Lycéen, il suis les cours de dessin de Michelle et Jean Beaubois et de Gervais Bataillé à l’École Municipale de dessin ; les étés, il travaille à «La Girouette», galerie d’art, place Marcou à la Cité, galerie tenue par Yvonne Camberoque. C’est là qu‘il peut admirer les œuvres de peintres carcassonnais : Jean Camberoque, Max Savy, Geneviève Duboul… les sculptures d’ Egidia… C’est là qu’il découvre l’univers pictural surréaliste, avec des œuvres de Dali, Max Ernst, Hans Bellmer, Léonor Fini… C’est là aussi qu’il rencontre Geneviève Arcas, galériste à Paris, ainsi que Pierre Cabanne, écrivain et critique d’art, rencontres qui nourrissent, autour d’un bon cassoulet au «Comte Roger» sa passion pour la peinture et le dessin.

Après des études d’Arts Appliqués à Marseille puis à Paris, il revient à Carcassonne où il travaille dans l’imprimerie.

En 1987, il fonde l’agence de créations publicitaires «Cafeïne Studio». Que de belles rencontres et d’occasions de voyages dans les décennies 90/2000, avec Benetton et Sysley en Italie, Wasa en Allemagne, Poco-Loco en Suède, plus près : Chipie, Liberto, Jimmy Taverniti, Buffalo…

Et le voilà aujourd’hui compositeur d’images, créateur d’univers entre mythes et actualités, transfigurant la Cité de Carcassonne en tableaux inattendus.



MAELSTRÖM SIDÉRAL, composition d'images par Bruno Béghin, 95x95cm , 2021
MAELSTRÖM SIDÉRAL, composition d'images par Bruno Béghin, 95x95cm , 2021


Ses sources d’inspiration


Thèmes mythologiques ou actuels, historiques, écologiques sont mis en scène, suscitant des émotions esthétiques surréalistes et visionnaires : (sont évoqués dans le désordre Jérôme Bosch, Joachim Patinier, Gustave Moreau, Paul Delvaux, Jean-Marie Poumeyrol, Roland Cat, Claude Verlinde, Caspar David Friedrich, Arnold Böcklin…). Alors, la Cité devient tour à tour paysage apocalyptique, forteresse transie ou brûlée, citadelle portuaire, château englouti, mégapole futuriste ou mine à ciel ouvert, base nucléaire, murailles taguées ou temple grec, arche de Noé ou Jardin des Délices…


« Mes compositions, collages de photographies numériques, révèlent un caractère très novateur, tout en étant proches de l’art baroque et du courant surréaliste. Sous prétexte de figurer la Cité de Carcassonne, mes créations dans leurs multiples diversités foisonnantes, mettent en scène de grands mythes et légendes, rencontrent des fonds historiques, picturaux, littéraires, tracent un détour par le cinéma et la musique, retrouvent des thèmes politiques avec l’écologie comme vaste leitmotiv, toujours dans des atmosphères fantastiques teintées d’impertinence. L’utilisation et la maîtrise de l’outil numérique inscrivent ma démarche créative dans la contemporanéité même de la pratique photographique, dans l’art actuel. »



Ses oeuvres d’un point de vue technique, esthétique et son processus de création


Bruno Béghin s’intitule lui-même, à juste titre, « compositeur d’images ». Son dernier ouvrage en date, "Enceinte de nos imaginaires", renferme de fulgurantes centaines d’images qui se répondent et entonnent le plain-chant des siècles passés, présents et à venir. Les textes signés Béatrix Mirallès approfondissent, embellissent encore, et prolongent avec un poétique brio le propos iconographique de l’auteur.


Quelques mots sur le terme « compositeur d’images »

À l’heure du numérique, il peut arriver que l’on se demande si le fait de rassembler une multitude d’images sous une thématique donnée pour en faire un tableau, lui-même numérique, constitue encore une création au sens artistique du terme.

Je (Pierre-Jean Brassac) réponds sans ambages : OUI !

Pourquoi ? Tout simplement parce que, à l’instar d’autres disciplines artistiques, tout en utilisant des éléments préexistants, Bruno Béghin crée du neuf, du sensible et de l’inédit.


Pour nous éclairer sur ce point, comparons la composition d’images à la composition musicale et surtout à l’improvisation de jazz. Dans ce dernier, le thème et l’échelle musicale préexistent et forment le point de départ du morceau improvisé. Pour être inspiré d’une gamme définie, ce morceau n’en est pas moins une création originale. Je propose donc l’idée qu’il en va de même avec cette nouvelle démarche créative visuelle qu’est la composition d’images au sens numérique du terme. Dans celle-ci les images sont comparables aux thèmes hérités du passé, des airs folkloriques, des chansons populaires, du gospel.

En tant que compositeur d’images, Bruno Béghin en est un de la truculence, du foisonnement. Sa vivacité prolixe, sa vigueur et son audace iconographique engendrent des représentations que n’aurait pas désavouées un Jérôme Bosch, dont Béghin doit se sentir proche puisque nous lui connaissons au moins deux œuvres dont le titre et la composition se réfèrent au peintre de Bois-le-Duc : "Le Jardin des Lices" — entendez Le Jardin des Délices — et "La Tentation de Saint Antoine".


"Le jardin des Lices", par Bruno Béghin, composition d'images, 80x80cm
"Le jardin des Lices", par Bruno Béghin, composition d'images, 80x80cm

À cinq siècles de distance, Bosch et Béghin ont en commun un amour du plein. Ils sont l’un et l’autre des scénaristes volubiles de la société humaine. Et comme chez Béghin, le décor naturel se trouve être celui de la cité de Carcassonne, la fin du Moyen-âge où vécut Bosch serait presque proche.

Si Bosch fut un surréaliste avant la lettre, il fut aussi un moraliste, un peintre de la critique sociale qui, en toute chose, avait les Sept péchés capitaux pour repères. Il stigmatisait l’âpreté au gain, la prostitution, la débauche, la violence. Dans ses tableaux, le thème du gros poisson revient souvent. On l’aperçoit aussi chez Béghin. Le gros poisson, c’est ce que Simone Weil nomme le « gros animal », la société tout entière liguée contre un seul individu déviant. Chez Bosch « Les gros poissons mangent les petits ». Il dénonce cette fatalité. Le riche le devient en dévorant le pauvre, tel est l’ordre du monde un peu simpliste dans Le chariot de foin de Bosch ou dans les Proverbes de Breughel.

D’autres compositions de Bruno Béghin font penser à l’ambiance foisonnante et tumultueuse chère à l’écrivain américain John Dos Passos, notamment dans Manhattan Transfer. Cet auteur affectionne la technique narrative dite du flux de conscience. Le cheminement créatif — et littéraire — de Bruno Béghin en est assez proche. Ses compositions brillent d’un éclatant symbolisme. Son tableau "Enfance", par exemple, montre comment l’on gravit le banian jusqu’à son sommet. Par une voie semée d’embûches, existence oblige. Un itinéraire semé de menaces : celle du scorpion, heureusement modérée par la sagesse de la chouette.



ENFANCE III par Bruno Béghin, 95x95 cm, composition d'images
ENFANCE III par Bruno Béghin, 95x95 cm, composition d'images



Retrouvez les oeuvres de Bruno Béghin sur ArtMajeur :


Retrouvez le livre de Bruno Béghin :


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